Acceptabilité, attentes et préférences des patients avec charges virales indétectables et des soignants vis-à-vis d'essais cliniques de guérison du VIH

Problématique : 

Les limites des traitements antirétroviraux (TARV) actuels et l’avancée des connaissances sur les mécanismes de persistance du VIH dans l’organisme en présence de ces molécules ont fait progresser l’idée qu’un traitement curatif du VIH pourrait être envisageable. Ce projet s’inscrit dans le cadre de l'initiative de l’International AIDS Society "Towards an HIV Cure", dont l'une des priorités est d’identifier et évaluer de nouvelles stratégies thérapeutiques visant à guérir du VIH en promouvant la recherche d’un traitement curatif du VIH qui soit bien supporté, abordable et utilisable à grande échelle. Au sein de cette initiative, un groupe de chercheurs en Sciences Sociales développe un projet multi-pays (France, Pays Bas, Etats Unis) pour lequel chaque pays participant conduira sa propre enquête d’acceptabilité. Notre projet s’inscrit dans les travaux de ce groupe. Par la suite les termes "d'essais Cure" désignent des essais cliniques à venir qui visent à réduire les réservoirs du VIH afin de tenter un arrêt, transitoire ou définitif, du TARV.

Objectifs : 

Objectif principal : collecter des données pour permettre d’établir des recommandations pour les "essais Cure" à venir, basées sur un recrutement éthique et adapté tenant compte des points de vue et motivations des participants, patients et médecins/soignants.
Objectifs secondaires : i) identifier les motivations et les freins qui conduiraient à accepter/refuser de participer à de tels essais ; ii) évaluer la pertinence et la perception de différentes stratégies d’essais cliniques actuellement envisageables au regard des risques/bénéfices qu’elles comportent.
Cette enquête d’acceptabilité multicentrique s’adresse à : i) des patients séropositifs traités par TARV ayant une charge virale indétectable inclus dans les cohortes ANRS CO6 PRIMO et ANRS CO9 COPANA et dans des centres participant à des essais Cure ou apparentés, de type vaccination thérapeutique ; ii) des médecins et soignants prenant en charge ces patients. Les patients inclus dans ces cohortes et dans ces centres pourraient être ceux à qui les essais Cure seront proposés car suivis dans des centres participant à la recherche clinique et personnellement concernés par celle-ci.

Méthodologie : 

Projet pluridisciplinaire utilisant trois méthodes distinctes et complémentaires : les focus groupes (FG), la méthode Q (approche qualitative et quantitative qui permet de faciliter l’expression des points de vue personnels) et la méthode des choix discrets (MCD) (approche quantitative qui permet d’étudier les préférences de l’ensemble des populations en fonction de leurs avantages et de leurs inconvénients).
Le projet s'est déroulé en 3 phases consécutives. La phase 1 (FG) a eu lieu auprès de 50 participants. A partir des résultats de la phase 1, les phases 2 (enquête méthode Q, 40 à 60 participants) et 3 (enquête MCD, 260 patients et 130 médecins/soignants) se sont déroulées de façon consécutive, avant la saisie et les analyses des données socio-comportementales et quantitatives.

État d'avancement : 

La collecte de données, pour l’ensemble du projet, s’est terminée à la fin du 1er trimestre 2017. Pour la phase 3 du projet, 195 patients et 163 médecins ont participé à l’enquête. L’analyse des choix discrets, la disposition des individus à participer à un essai clinique de type CURE, ainsi que leurs profils font l’objet d’analyses actuellement en cours. Une analyse complémentaire a permis de montrer que 43% d’entre eux seraient prêts à participer à un essai Cure qui serait basé sur leur stratégie préférée. La volonté de participer à des essais Cure est associée au fait de s’identifier comme un militant de la lutte contre le VIH (56% des participants) et de se sentir confiant en tant que personne séropositive. Se définir comme militant est indépendamment associé à différents facteurs individuels tels que : être fortement affecté par la prise quotidienne de traitement ; avoir un plus grand nombre de sources d’informations sur le VIH ; et avoir un changement plus important dans le domaine "relations aux autres" de l’échelle de développement post-traumatique (PTGI) (Fiorentino et al., soumis à J Virus Erad.).