Le chemsex consiste en la consommation de produits psychoactifs en contexte sexuel, le slam en étant une modalité spécifique qui consiste en une consommation par voie intraveineuse exclusivement. Le chemsex est associé à plus de conduites à risques, sexuelles ou liées à la consommation de produit, potentiellement à l’origine de nouvelles contaminations par le VIH/VHC ou autres IST, mais aussi d’effets délétères sur la santé psychique et somatique. Avec l’arrivée des nouveaux produits de synthèse, dont l’approvisionnement est simplifié du fait de leur faible coût et de leur disponibilité sur internet, ce phénomène s’est amplifié et touche maintenant des hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) qui n’avaient pas de passé de consommation de drogue, plus jeunes et de plus souvent séronégatifs, incluant tous les milieux socio-culturels. Les données de prévalences varient de 5% à 30% selon les périodes, les populations enquêtées, les zones géographiques et l’indicateur retenu.
L'objectif de ce projet est de déterminer la pertinence et la faisabilité d’une étude interventionnelle visant à réduire les risques et les dommages associés à la pratique du chemsex auprès des HSH et en déterminer les modalités. Plus spécifiquement, il s’agira de définir :
1/ les caractéristiques des personnes à inclure grâce à une enquête exploratoire qui permettra de documenter les principaux profils de chemsexeurs, de leur point de vue et de celui de leur entourage et de définir si des différences existent en termes de perceptions, attitudes et attentes selon la zone d’habitation, la sérologie VIH/VHC, les modalités de consommation, …
2/ les interventions pertinentes, en documentant les besoins des chemsexeurs, en termes d’information/counseling, de prévention, de dépistage et de prise en charge psychique et/ou somatique, et des soignants en termes d’information, de formation et de mise en relation avec un réseau de soin. De plus, une revue de la littérature critique des actions de réduction des risques en cours sera réalisée.
Par le biais de la méthode Q (approche qualitative et quantitative qui permet de faciliter l’expression des points de vue personnels), sont révélés les principaux points de vue sur le chemsex de l’ensemble des acteurs. Cela permettra de dégager la diversité d'usagers, de prise de risque, de perception des dommages et des besoins. La recherche s’adressera aux HSH pratiquant le chemsex, âgés de 18 ans et plus, séropositifs et séronégatifs au VIH et au VHC, vivant à Paris et en province ; aux soignants (médecins, acteurs communautaires) intervenant, ou pas, auprès de chemsexeurs.
Le questionnaire sera administré en face à face, assisté par ordinateur, à partir de lieux diversifiés (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques liés à l’usage de drogues (CAARUD), Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CEGIDD), services d’infectiologie, d’hépatologie …) et en ligne sur les sites internet des associations, les réseaux sociaux et les applications de rencontres.
La 1ère phase qualitative, conduite auprès de 30 chemsexeurs (dont 7 sont aussi des soignants et 8 ont arrêté) a montré l’ambivalence des perceptions et des expériences des chemsexeurs vis-à-vis du chemsex et mit en exergue la singularité des trajectoires. En 2019, les résultats ont fait l’objet de présentations à AIDS Impact et au European chemsex forum.
La 2ème phase a permis de révéler auprès de 152 chemsexeurs 5 perceptions différentes du chemsex, de la plus positive à la plus négative. Les résultats montrent que 50% des chemsexeurs ne connaissent pas de difficultés en lien avec leurs pratiques. Auprès des 97 intervenants, 2 points de vue ont émergé, l’un centré sur la Réduction des Risques (RdR), l’autre sur les conséquences négatives. Les résultats ont été présentés à la conférence AFRAVIH 2020.